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Rester aidant malgré nos limites d'intervenant


Une fois, je suis approché par les responsables des Soins Palliatifs pour répondre à la demande d’une patiente qui a désiré me voir spécifiquement. Quand je rentre dans sa chambre, elle me raconte qu’elle a entendu parler de moi et de mon approche, celle qui allait aboutir à La guérison en ECHO quelques années plus tard ; mais je n’en étais qu’au début.

Elle me dit qu’elle est atteinte d’une maladie grave et qu’elle souhaite que je l’en guérisse. Cette situation, je l’avais toujours évité jusqu’alors : je déclinais ce genre de demandes en déclarant que ce n’était pas possible, qu’il y avait erreur sur la personne pour ne pas affirmer qu’il y avait peut-être même erreur sur la quête. Cette position, toute raisonnable et inattaquable qu’elle fut, laissait les personnes seules et impuissantes. Ce jour-là, les circonstances, extérieures, et mon attitude, intérieure, ont fait en sorte que je ne me suis pas défilé. Dans cet instant de chaos où je ne pouvais ni refuser, ni accepter, a surgi une troisième voie. Je me suis entendu lui répondre : « Lorsque vous me dites cela, qu’est-ce qui se passe en vous ? » Cela n’était certainement pas une réponse directe à sa demande, et pourrait être plutôt considéré comme une échappatoire. Or, dans l’histoire, son visage s’est illuminé ; elle ne ressentait donc aucun abandon dans cette façon de ne pas répondre à cette demande. Et cette phrase de dernier recours, l’apparition de son soulagement et la réflexion qui s’en suivit fondèrent l’Approche ECHO : on passait d’une demande exté- rieure à un vécu intérieur. Et, à partir de là, à partir de ce qui se passait en elle quand elle me disait cela, on a pu rouvrir cet espace inté- rieur qui lui manquait. Les manques implicites peuvent créer des demandes explicites ; et les demandes explicites peuvent cacher des manques implicites. Adresser le manque implicite, celui qui est de l’ordre de l’impasse, du doute et de l’isolement, a fait tomber la demande explicite, celle de la disparition de la maladie. Elle est tombée comme un fruit mûr, puisque l’important n’était plus de vivre plus tard, mais de vivre maintenant. Et ce fut le début d’un travail où elle va cheminer en elle et dans sa vie, dans ce qui se passait en elle, et dans ce qui n’avait pu s’y passer auparavant.

Extrait de la conférence du Dr Jean-Charles Crombez lors du Xe colloque de l’Esterel (novembre 2005). Ayant pour thème « Réflexion sur nos limites d’intervenant. Rester aidant… À quel prix ? »

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